Ce langage qui nous a bercé

Lors d'une rencontre avec des enseignants autour du plurilinguisme, j'ai entendu cette exclamation : «  La maman est turque hein, mais elle parle français. Eh bien, je l'ai entendue, dans l'école, qui parlait turc à son fils ! »

Laissons répondre Gilles Verbunt, auteur de La société interculturelle (Seuil, 2001) à cet outrage :

« Le langage maternel était présent pour nous dès notre conception. Les premiers soins, les premières caresses, les dressages de départ, que nous avons reçus ou subis, étaient accompagnés de paroles dans le langage maternel. Habituellement, ces gestes provoquent chez nous des sentiments d'affection et de sécurité jusqu'à la fin de notre vie. Cette fonction, le langage l'a en commun avec les odeurs des corps avec lesquelles nous avons été en relation, avec les arômes de la cuisine, ou encore avec l'imprégnation par la vue d'un paysage que l'on appelle à juste titre : familier. Ce langage, qui nous a bercé, est la base sur laquelle se construit notre affectivité, et il est criminel d'en priver quelqu'un sous prétexte qu'il doit chercher à s'intégrer ailleurs. »

Ce langage qui nous a bercé
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