Français ET plurilinguisme

Le ministère de la Culture s’intéresse aux primo-arrivants : la ministre confie une mission de coordination de l’action culturelle en faveur des migrants. On lance une consultation citoyenne sur le français et le plurilinguisme. Il était temps d’oser associer des termes qui jusqu’à présent terrifiaient bien du monde et qui en terrifient encore beaucoup : langue française ET plurilinguisme / citoyens français ET migrants. Comme si les seconds, de par leur identité et leurs langues risquaient de faire disparaître la langue et la culture françaises.

La société interculturelle est celle qui pense, non pas en terme de OU ou de CONTRE, mais en terme de ET et d’AVEC. Le ET et AVEC sont particulièrement fructueux lorsqu’ils sont admis en classe, quand l’enseignant prend soin de s’intéresser à ses élèves, en leur demandant de quel pays ils viennent, quelle-s langue-s ils parlent, en s’essayant à prononcer quelques mots avec eux, à commencer par leur prénom qu’il est normal de ne pas trop écorcher (je dirais même que c’est la politesse de base et si l’on n’arrive pas à prononcer correctement, on peut s’en excuser et convenir ensemble d’un diminutif).

Ne haussez pas les épaules, je connais bien des enseignants qui ne se posent pas ces questions, estimant qu’en ignorant l’origine linguistique et culturelle de leurs élèves, ceux-ci apprendront mieux le français et s’intègreront plus facilement. C’est souvent le contraire qui se passe. Dans mes cours de FLE aux adultes, je demandais à mes élèves de recourir à leur langue. Lorsque j’expliquais une règle de grammaire par exemple, et que je voyais certains bloquer, je leur faisais écrire la phrase au tableau dans leur langue, en leur demandant de m’expliquer quels étaient le sens et la place des mots importants et nous faisions des liens avec la place et la forme des mots français. Cela fonctionnait bien souvent et toute la classe en profitait. En visualisant ainsi les langues côte à côte, en visualisant l’emplacement des mots dans l’une et l’autre langue, ils mémorisaient mieux et ils intégraient la règle. Pour le vocabulaire, je laissais ceux qui avaient des portables chercher la traduction dans leur langue, ce qui faisait gagner du temps à tous et nous pouvions avancer dans l’exercice ou dans l’activité. Je précise au passage qu’aucun de mes élèves n’a jamais abusé de son portable en cours pour autre chose.

Français ET plurilinguisme sont bien des mots qui gagnent à être associés et à cohabiter ensemble, tout comme les mots « migrants » ET « Français ».

Français ET plurilinguisme
Partagez sur