Les jeunes s'emparent instinctivement des imagiers

Je les vois dans les salons du livre, lorsqu'ils défilent en rangs serrés entre 2 enseignantes. Ils s'arrêtent et feuillètent les imagiers multilingues et immédiatement s'interpellent les uns les autres. Ils savent d'instinct comment les utiliser, en groupe. - Hé M'dame, c'est quoi cte langue-là? - Là? C'est du russe - Hé Vladimir, toi qu'es Russe, lis-nous c'truc là dans ta langue steplaît. Vladimir s'exécute. - Wesh c'est trop la classe, moi M'dam j'peux lire en espagnol . - Vas-y, on t'écoute. Et c'est un défilé jubilatoire de sons plus ou moins maîtrisés mais qu'importe, ils s'amusent, ils découvrent, ils s'intéressent.

Les jeunes se passent le livre de main en main, ils le feuillètent, s'essayent aux accents, certains avec justesse. Ils pourraient rester bien plus longtemps si les enseignantes ne les exhortaient à presser le pas, ils ont un pacours à faire dans des délais précis. Elles m'adressent un sourire gêné sans même avoir observé ce qui se déroulaient sous leur yeux : une activité improvisée d'éveil aux langues mise en place spontanément par leurs propres élèves, sans qu'elles n'exigent rien d'eux. Découvrir, écouter, observer, demander au voisin comment on prononce dans sa langue, c'est si simple. Les compétences linguistiques de certains élèves bi-ou plurilingues sont là, gratuites, vivantes, à disposition et l'école n'en fait rien ou si peu.

Les jeunes s'emparent instinctivement des imagiers
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