Aucun bilinguisme n'est supérieur à un autre

Force est de constater qu'il existe des bilinguismes différents. Tous ne sont pas considérés comme égaux et ne se valent pas. Cela dépend des contextes politiques et sociaux des pays. En France, à compétences égales, un bilinguisme français-anglais ou français-allemand est mieux perçu qu’un bilinguisme français-tamoul ou français-tigrigna, par exemple. Les enfants nés dans des familles anglo- ou germanophones seront spontanément considérés comme bilingues tandis que ceux nés dans des familles où l’on parle des langues peu connues et peu valorisées par la société, ne seront pas systématiquement qualifiés de bilingues.

C’est le constat qu’avait déjà fait la chercheuse Gabrielle Varro en 1990. Dans un article paru dans la revue Migrations-Formation* elle remarquait, à propos d’enfants que l’école qualifiait de non-francophones, que les enseignants n’utilisaient pas le mot « bilinguisme » pour définir leurs connaissances langagières. Ils considéraient la langue familiale comme un obstacle pour apprendre le français. Près de 30 ans plus tard, cette impression reste relativement fréquente.

L’évolution des mentalités et des représentations est un processus lent qui nécessite d’être soutenu par des mises en actes. C’est ce que nous tentons de faire en éditant des livres multilingues où les langues sont ensemble, sans tentative de hiérarchisation. Nous savons que des enseignants nous accompagnent dans cette démarche de valorisation de toutes les langues, mais tous n’en sont pas encore convaincus.

* VARRO (G.), 1990, « Les représentations autour du bilinguisme des primo-arrivants », Migrants Formation n° 83.

 

 

Aucun bilinguisme n'est supérieur à un autre
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